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Marc à Pérignat les Sarliève
22 mars 2021

Nawal El-Saadawi, "la voix libre de l'Égypte".

Bonjour à toutes et tous,

Nawal El-Saadawi, "la voix libre de l'Égypte"
"Je continuerai à écrire. J'écrirai même s'ils m'enterrent, j'écrirai sur les murs s'ils me confisquent crayons et papiers ; j'écrirai par terre, sur le soleil et sur la lune... L'impossible ne fait pas partie de ma vie."

C’est par ces mots, extraits de son ouvrage "Mémoires de la prison des femmes", que l’écrivaine féministe égyptienne Nawal El-Saadawi résume le combat de toute une vie, hors des fausses contraintes et des idées reçues, pour la liberté et la dignité. Contre les oppressions de toutes sortes...
Elle naît à Kafr Tahala, dans le delta de la basse Égypte, le 27 octobre 1931. Son père est fonctionnaire au ministère de l’Éducation ; sa mère, issue d’une famille bourgeoise.
En 1949, elle fréquente la faculté de médecine du Caire. Une fois diplômée, en 1955, elle exerce comme médecin durant deux ans au Centre de santé rurale à Tahala. De 1958 à 1972, elle est directrice générale de l’éducation à la santé publique, au ministère de la Santé. Elle est en même temps éditrice responsable du magazine “Health” et secrétaire générale auxiliaire de l’Association égyptienne de médecine. Elle se marie avec Ahmed Helmi, étudiant en médecine et militant ; puis, après son divorce, avec un riche traditionaliste, avec lequel elle rompt lorsqu’il s’oppose à sa passion pour l’écriture ; et enfin, en 1964, avec Sherif Hetata, un médecin et romancier qui traduit en anglais plusieurs de ses livres.
En 1972, celle qui affirme avoir appris dans son enfance : "à parler fort et discuter, pas à obéir", fait les frais de ses idées : sur décision du ministre de la Santé, elle est révoquée de ses fonctions pour avoir écrit "Les Femmes et le sexe", ouvrage dans lequel elle ose traiter de sexualité, de religion et du traumatisme de l’excision, autant de sujets tabous en Égypte.
De 1973 à 1978, elle exerce son métier d’écrivain à l’Institut supérieur de littérature et de science. Puis elle travaille pour les Nations unies en tant que directrice du Centre africain de recherche et de formation pour les femmes en Éthiopie (1978-1980).
En 1981, elle connaît la prison durant deux mois pour s'être opposée à la loi du parti unique sous Anouar el-Sadate. Son livre "Mémoires de la prison des femmes" relate cette période de sa vie. Libérée sous Moubarak, elle fonde en 1982 l’Association arabe pour la solidarité des femmes, qui sera interdite en 1991.
Après son roman "La Chute de l’imam", publié au Caire en 1987, elle commence à recevoir des menaces de la part de groupes fondamentalistes. En 1993, elle est jugée pour hérésie et condamnée à mort. Elle figure sur les listes noires des intégristes qui exigent qu’elle soit déchue de sa nationalité. On lui reproche ses écrits féministes, ses idées relatives à la religion. On ne lui pardonne pas, notamment, d’avoir soutenu que le pèlerinage était une survivance de rites païens et que le voile était une tradition antéislamique.
Pour échapper à ces menaces, Nawal El-Saadawi part avec son mari pour les États-Unis, où elle enseigne à l'université Duke et à l'université d'État de Washington à Seattle. En 1996, elle revient en Égypte. Le 3 février 2011, elle apporte son soutien aux manifestants de la place Tahrir au Caire. Le 8 mars 2012, elle est à l'initiative, avec sept autres femmes arabes, de L'Appel des femmes arabes pour la dignité et l'égalité.
Nawal El-Saadawi a reçu de nombreuses distinctions, parmi lesquelles le prix du Conseil supérieur de littérature (1974), le prix littéraire de l’amitié franco-arabe (1982), le prix littéraire de Gubran (1988), le prix Nord-Sud du Conseil de l'Europe (2004), Docteur Honoris Causa de l’Université Libre de Bruxelles (2007) et la médaille de commandeur de l’Ordre national du Mérite remise par l’État français (2014).
“Pour faire évoluer les esprits, déclarait-elle lors d’une interview pour Arte en 2013, il faut l’éducation. La démocratie commence dans l’enfance à la maison. La démocratie ce n’est pas une décision prise au parlement qui se décrète un jour. La démocratie c’est un art de vivre. Dès l’enfance, je dois être éduquée pour comprendre et respecter l’égalité, avec mon frère, ma soeur, les gens qui travaillent pour moi. Je dois être un être humain dès l’enfance. Mais parce que le système est malade et inégalitaire, et qu’il existe une oppression sexuelle, une oppression de classe, les enfants sont contaminés par de très mauvaises valeurs contraires à la démocratie. C’est pour ça qu’ils ne peuvent pas être démocratiques de façon soudaine, juste en allant aux urnes. C’est un apprentissage. Il faut éduquer les enfants, comment respecter l’égalité pour que ça coule dans leurs veines. Mais ce n’est pas ce qui se passe. Le système éducatif sert le système politique.” (propos recueillis par Annette Gerlach et Evelyne Herber)
Nawal el-Saadawi, "la voix libre de l'Égypte", est décédée le dimanche 21 mars 2021.
Marc Chartier
Portrait de Nawal El-Saadawi (27/10/1931 - 21/03/2021)

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Commentaires
Z
Quelle belle rencontre tu nous fais faire !<br /> <br /> Merci Marc.
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